Le 11.11.09 à 14H30
[A gauche, un wacapou (Vouacapoua americana), il me semble...]
Albert Londres, journaliste et écrivain français (1884-1932), s’est rendu en Guyane en 1923. Les conditions réelles du bagne sont alors ignorées de tous. Et même des autorités. Et même des condamnés eux même qui souvent étaient volontaires au départ.
Personne ne savait...
Le "doublage" était une terrible clause édictée par la loi de 1854 sur la transportation. Il obligeait les bagnards à rester un temps équivalent à celui de leur peine, pour les inciter à peupler la Guyane. Il fallait alors subsister. Il était difficile de trouver du travail rétribué, et la tentation était forte de tomber dans la délinquance. Le voyage de retour de plus était à leurs frais. Ce temps après la libération était plus dur que celui de la condamnation qui, de fait, était alors à perpétuité.
Les condamnés pour une faute dérisoire (attentat à la pudeur, vol de nourriture) côtoyaient les criminels endurcis.
Suite aux dénonciations d’Albert Londres, la France fut mise au ban des Nations. Le dernier convoi de bagnards partit et arriva en 1938. Le dernier bagnard quitta le pénitencier de Saint Laurent du Maroni en 1953.
Sur l’île St Joseph, il y avait un asile de fou. On était déjà fou ou on le devenait à ne pas avoir de perspective d’avenir.
Il y avait de terribles geôles pour les "récalcitrants" où dans le noir on était à l’isolement.
Les arbres que plus personne n'enlève ont pris possession de l’île St Joseph malgré la faible couche de terre. Il semblerait que, comme les épiphytes, ils se nourrissent de la chaleur, de l'humidité, de l'air.
Et aussi du souvenir de la peine des hommes ?
mercredi 2 décembre 2009
Ile St Joseph (Guyane) : la reclusion *** imprisonment
Libellés : bagne, Guyane, Iles du Salut
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d'abord je suis d'accord avec toi ma version couleur n'est pas la meilleure, j'ai essaye de jouer sur les ombres, mais jamais je ne pourrais t'égaler...c'était mon petit hommage....
RépondreSupprimerJ'adore ces vieux endroits a l'abandon, pour les photographes c'est un bonheur (j'avais fait, il y a longtemps une série sur vieille serre, j'avais aimé découvrir des bouts d'une vie passée). Sur tes photos on devine une histoire, on y voit presque les fantômes des anciens prisonniers....superbe...Dans la première photo, on imaginerait bien un bagnard caché, prêt à bondir pour s'évader...tout ce que j'aime quand je viens chez toi....
Un jour, je saurais faire aussi...
Il est vraiment triste que aussi les sociétés les plus avancées contiennent ( aujourd'hui aussi) une mentalité perverse qui leur permet de jouer cruellement avec la vie d'autres êtres humains ..
RépondreSupprimerCe couloir, avec ses murs peints, ces grilles ont une certaine beauté.
RépondreSupprimerCela mériterait d'être préservé, dans l'état où cela se trouve actuellement, pour ne pas oublier aussi.
Heureusement que nous avons des Albert Londres pour nous avertir de ces horreurs qui existent encore aujourd’hui, ailleurs – la liste est longue et nous ignorons sans doute beaucoup ! Nos conditions (en France) d’emprisonnement se sont un peu améliorés, mais pas tant que ça !
RépondreSupprimerTes photos sont magnifiques !
Suite aux dénonciations d’Albert Londres, la France fut mise au ban des Nations. Comme quoi rien ne change, vu que l'on est toujours au ban des nations (européennes) a cause de l'état de nos prisons (qui heureusement n'ont rien a voir avec le bagne)
RépondreSupprimerc'est toujours mieux de rendre hommage quand la personne peut en profiter ;). Tu as l'esprit noir today (pire que moi ;o) ), penser déjà a un hommage posthume ;)....
RépondreSupprimertient une noisette c'est ce que je prends le midi...tout les midis, on part en ballade avec le frérot et on fait une petite pause dans un café et je prends toujours une noisette (faut dire que le café est pas terrible) ;o))
RépondreSupprimerSinon, bonne question, a part des évènements (et concerts) pour l'instant j'ai du mal a refaire des photos dans Evry (juste fait une petite série du bois d'Évry avec les couleurs de l'automne que je mettrais Vendredi), heureusement le Telethon arrive, je vais pouvoir cartonner...mais l'inspiration sur Evry commence a manquer et puis après NYC j'ai toujours un trou....
Il y a des endroits où on fait des grands hôtels dans des prisons vides. Il y en a un à Helsinki et il parait que ça cartonne. Tout le monde veut dormir en prison, au moins une nuit. (Sauf peut-être Papillon.)
RépondreSupprimerTu as fait un voyage dans le purgatoire, il ne semble pas que tu sois restée insensible à la détresse humaine...
RépondreSupprimerBien des choses me révoltent aussi, une tempérances de mes propos s'impose!!!!
Merci du témoignage belles images bien qu'elles soient en quelque sorte lugubres, la nature petit a petit reprend ses droits!
Bonne après midi, A +
Un rappel poignant!
RépondreSupprimerLongue vie aux racines quelles qu'elles soient.
What a sad AND interesting place. I like those rusty abondoned places and I wonder how people lived there ...
RépondreSupprimerla deuxième pour l'idée qu'on peut se faire de l'enfermement
RépondreSupprimerUn pan de notre histoire qui n'est pas à notre honneur. Cela me fait penser aux rues case-nègre de la Martinique. Celle de la briquetterie sur la route des Trois Ilets est restée en l'état. Chauqe fois que nous y allons (village de la poterie) j'ai honte.
RépondreSupprimerA St Martin de Ré, le bleu du ciel est plus doux, moins violent qu'aux îles du Salut, du Diable, de St Joseph ou à Kourou... On pédale sur les sentiers côtiers, on arpente les remparts de la forteresse Vauban, on fait une pause devant les lourdes portes du pénitencier puis on va, sans un frisson, lécher une glace sur le port, à... La Martinière !
RépondreSupprimer----------------
"Ils sont alors embarqués et répartis dans les huit cages des entreponts. En principe chaque cage reçoit 72 hommes, il arrive qu'en les serrant un peu on en fasse entrer 80. L'administration pénitentiaire a prévu une morgue qui accueillera les forçats et relégués qui ne supporteront pas le voyage. Deux ou trois décès pendant un voyage sont loin d'être rares. L'embarquement terminé, la Martinière lance un long et grave coup de sirène. La Martinière a acheminé plus de sept mille condamnés vers la Guyane".
("Cahiers de La Mémoire" - Revue d'art et traditions populaires, d'archéologie et d'histoire du Groupement d'Etudes Rétaises. Extr. consacré au bagne de St Martin).
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Je revois aujourd'hui la palme du message précédent d'un autre œil : barreaux dorés... Qu'importait, pour Dreyfus, la nuance de bleu du ciel ?
Cher Cergie,
RépondreSupprimerJe suis désolé de ne visiter pas votre blog depuis beaucoup de temps. Je pense que le blogging n'est pas trop à la mode maintenant mais La Cergie formidable faites encore le blog! Je promets de visiter souvent!
Votre San
la problématique de l'enfermement est douloureuse, complexe et terrible.
RépondreSupprimerJe le sais, puisque j'ai travaillé dessus pendant de longs mois, il n'y a jamais de "bonnes" conditions d'enfermement. Il y en a des meilleures et des pires. Celles que tu décris ressemblent au goulag russe. Ou alors aux camps de concentration, là non plus, on ne "savait" pas, ou plutôt on ne "voulait" pas savoir... jusqu'à ce qu'on découvre l'horreur.
tu cites la date de 1953, le dernier bagnard s'en va... 1953, ce n'est pas loin, c'est tout près, il aura fallu tout ce temps pour la prise de conscience. Chaque pays traîne son lot d'atrocités, il est courageux ton post et beau en même temps. Merci pour ce rappel et cette prise de conscience qu'il ne faut jamais oublier. Je t'embrasse
Je me glisse dans le commentaire de Delphinium: "Chaque pays traîne son lot d'atrocités, il est courageux ton post et beau en même temps"
RépondreSupprimerTes deux images sont belles, la deuxième par sa perspective, ses murs de peinture écaillé ses portes rouillées et la première donne une impression de nature toute puissance prête à tout manger
Un reportage poignant !
Bisous Cergie !
Tes photos de la Guyane sont toutes superbes! Mais cette histoire des bagnards jusqu'à 1953 semble si invraisemblable... Et pourtant j'étais déjà né... ;)
RépondreSupprimermagnifique image qui lorsque l'on lit ton texte prend une autre dimension forte et émouvante. la France décidément a une tradition carcérale qui fait froid dans le dos. Le bagne a disparu mais la prison reste toujours une de nos plus grandes hontes.....
RépondreSupprimersuperbes endroits, chargés d'histoire, et d'histoires, souvent tristes, sans doute... Belles matières.
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