Le 12.11.09 à 16H35
Lorsque l’on tient un bout de la pelote, on arrive à dérouler beaucoup d’informations sur internet. Tant de personnes publient, qui sont plus informées que je ne serai jamais sur la Guyane, les hmongs, l’agriculture de région tropicale, et cætera, et cætera... Si vous le voulez, vous pouvez suivre ces liens que j'ai mis et vous en saurez tout autant que ce que j’ai lu et appris depuis notre séjour là-bas.
Par contre ce qui relève de mon expérience personnelle n’est pas sur internet. Du moins c’est ce que je croyais pour une part de mon histoire qui remonte à tellement longtemps qu’elle était juste dans un petit coin de ma mémoire.
Le jeune homme hmong, avec qui nous avons discuté longuement, a fait ses études à Toulouse où il travaille actuellement ; cependant son rêve est de revenir à Cacao et d’y fonder une famille. Il est né au Laos, et s’il possède sa date de naissance exacte c’est seulement parce qu’il est né la veille du jour de l’an. Moi-même, je suis née la veille du jour de l’an chinois. Des parents ne peuvent l’oublier et cela aurait été une chance pour moi, dans le cas de figure où je n’aurais pas été déclarée à l’état civil français.
Mes parents étaient assez taiseux...
Je me souviens toutefois que ma mère m’avait parlé d’un peuple de montagnard qu’elle appelait d’un nom dont, en discutant avec le jeune homme, j’ai eu confirmation. Les hmongs sont appelés parfois "meo" ou "miáo" en mandarin, entre autres. Ma mère disait "meo".
Je me souviens que, lorsque mon père a quitté la Côte d’Ivoire, il lui a été proposé de venir avec sa famille en Amérique du Sud. Où donc, près de l’Equateur, pouvait s’installer un fonctionnaire français, conservateur des Eaux et Forêts d’Outremer, sinon en Guyane qui est un coin de France ? Mais mon père a préféré rentrer en métropole pour les études supérieures de mon frère aîné qui venait d’avoir son bac à Abidjan. Il a ainsi été en charge du "Cours de Géographie Forestière Tropicale" à l’Ecole des Eaux et Forêts de Nancy et m’a donné un exemplaire du cours qu’il a écrit.
En préparant ce message j’ai pensé : "voilà quelque chose que je ne pourrai trouver sur internet".
Et j’ai tapé des mots clefs. Et vous voyez où je vais en venir. C’est tout à fait troublant.
J’ai trouvé.
On peut la sortir de la bibliothèque de l'ENGREF à Montpellier et à Nancy...
Félix Muller* a écrit le 22.09.2008 :
"... le système d'agriculture familiale traditionnelle en Guyane, l'agriculture sur abbatis. C'est un système d'exploitation agricole qui consiste à défricher, brûler et cultiver tant que la production est satisfaisante, puis abandonner la parcelle et aller cultiver ailleurs. Cette agriculture est avant tout vivrière même si certains excédents se retrouvent sur les marchés de Guyane. Dans un premier temps, on défriche et on brûle un espace forestier puis on implante successivement différentes cultures pour généralement de courtes périodes (d'abord, des fruits et des tubercules puis du manioc et de la banane en fin de cycle). Ce système se caractérise également par une alternance entre cultures et périodes longues de jachère. C'est pourquoi l'agriculture sur abattis alterne également l'exploitation de plusieurs parcelles dans le temps et l'espace. L'agriculture guyanaise ne couvre qu'à peine 10% des besoins du département. Beaucoup de fruits et légumes sont importés...
... L'autre gros problème de l'agriculture guyanaise reste le foncier. Quasiment aucun agriculteur guyanais ne possède ni exploite la terre légalement !"
* Alors étudiant à Montpellier SupAgro (Ecole d'Agronomie), effectuant 6 mois de stage en Guyane.
Extrait TRES intéressant de "Regards sur les Hmong de Guyane française : les détours d'une tradition" de Marie-Odile Géraud, publié en 1997, L'Harmattan (Paris).
Je suppose qu'en Martinique on a défriché beaucoup pour planter bananeraies et champs d'ananas.
RépondreSupprimerDis moi, ton papa avait un métier très intéressant.
Je ne me rappelle pas avoir vu des cultures sur abbatis là-bas.
Il est vrai que la Matinik est beraucoup plus petite que la Guyanne.
Voilà un post très intéressant, Cergie. C'est bon de voyager car on fait partager les connaissances acquises.
c'est fou quand on est un peu dans les vapes (debout depuis 4 heures du mat) on fait pas toujours attention, en lisant le titre de ton post, j'ai lu "Abruti" je me suis dit quand même miss cergie se lâche ;o)) bon je vais reprendre du café en mode perfusion....
RépondreSupprimerMerci pour cette partie de ton histoire....c'est toujours touchant quand on revis ces souvenirs...
Anecdote personnelle (je peux pas m'en empêcher ;o)) je suis né un 24 novembre et ma grand mère maternelle un 22 novembre, ce qui fait que chaque année ma mère me fête mon anniversaire le 22 ;o)) voila voilou, direction la machine a café (et dire qu'il y a même pas un croissant ;o)) )
Ou le retour de champs de Lucie!!!!
RépondreSupprimerUn vrai petit Larousse ton Blog.
Ton inscription de naissance c'est un peu l'histoire de la fontaine de jouvence à Brocéliande! lol
Bonne journée A + ;))
Le paysage est très beau, mais je suppose que tu as passé plus de temps à chercher des informations sur le net qu'à contempler ta photo, qui pourtant le mériterait.
RépondreSupprimerJe reprends les mots de la dame du nord. Ta photo est belle, les dégradés de vert sont magnifiques et la couleur de la terre impressionnante. Je remarque aussi ce petit feu qui brûle et qui fait de la fumée, presque imperceptible dans le paysage.
RépondreSupprimerJ'aime les gens qui parlent de la terre, du terroir. J'aime les gens qui savent se souvenir d'où ils viennent et qui parlent de leurs parents avec tendresse. Même s'ils ont voyagé comme toi dans beaucoup de coins de pays, ils se rappellent toujours avec tendresse les mots de la maman, le métier du papa et la trajectoire familiale. Oui, c'est troublant les gens qui savent s'enracinner alors qu'ils voyagent tant. Troublant... et fascinant. Merci pour ce partage ma chère cergie. C'est un très beau message que tu nous livres là, personnel et émouvant. Comme je les aime.
Jolie photo et histoire, mais ce que je retiens du texte est que l'agriculture est fait de façon illègale et qu'il couvre à peine 10% des besoins des gens. Dans un pays/département avec plein d'espace et peu de gens, c'est quand même un peu bizarre tout ça..
RépondreSupprimerFascinant!!! Quels souvenirs! La photo est belle, mais le texte est passionant!!
RépondreSupprimerPendant que le ciel tout blanc nous tombre sur la tête, la terre, elle, se fâche, gronde, et il en résulte, encore une fois, une catastrophe épouvantable. J'espère que les gens dont tu parles sont sains et saufs.
RépondreSupprimerBisous.
Claude, en Guyane c'est la forêt amazonienne ! C'est un territoire immense et des terres très pauvres, juste une frange côtière est accessible facilement
RépondreSupprimerOlivier, cette photo illustre ce type d'agriculture et donc de paysage.
Mon anniversaire est le lendemain de celui de ma tante qui avait la chance d'être née le jour de la St Valentin. Ceci dit pour trouver un restau pour fêter l'événement, galère-galère
Chez Madeleine, je me souviens de la fontaine rajeunissante mais être née la veille du jour de l'an chinois n'est pas fait pour rajeunir : à un jour j'avais déjà deux ans.
Hoy, je suis contente d'avoir pris une photo de brûlis on en a vus beaucoup, pas des photos mais des brûlis, cependant je ne pouvais m'arrêter pour faire la photo et en roulant je n'en fais guère
Delphinium, je pensais à toi qui as tes racines pas loin d'où tu vis ; cependant, qu'on soit de là ou d'ailleurs la famille, son histoire personnelle on peut la retrouver partout, la preuve c'est ce que tu fais toujours.
Adam, un très grand pays mais vierge. Des abbatis, nous en avons vus même depuis les Routes Nationales, très proches de Cayenne ou de Kourou. Le feu brûle et personne ne surveille. Et puis le sol de Guyane n'est pas de la terre à blé et le climat est particulier.
Peter, merci. En fait je fais ma métropolitaine en Guyane comme toi tu es le suédois à Paris.
Claude, merci d'être passée, je te tiendrai au courant.
Bonjour, Cergie.
RépondreSupprimerBien que la photo soit belle, comme toutes tes photos, cette fois-çi, c'est le texte qui retient beaucoup mon attention.
C'est un merveilleux partage, Cergie, qui nous apprend tant su ton cercle de famille et de vie.
Merci beaucoup.
Bonne journée.
Je t'embrasse.
Internet est un outil surprenant et peut apporter de jolies surprises, ou comme tu dis des surprises troublantes. Y trouver le livre de son papa, de façon inattendu doit être une surprise émouvante !!!
RépondreSupprimerJe n'ai pas ton image sous les yeux, va falloir que j'aille voir sur google chrome si elle y est.
Internet est casse-pied aussi ! :-)
A tout à l'heure, Cergie !
A propos des hmongs réfugiés, ils font un voyage-retour forcé de la Thailande vers le Laos communiste qui ne les aime guère
RépondreSupprimerUne image surprenante et belle, dominée par l'ocre et toutes les nuances de vert !
RépondreSupprimerJ'aime bien quand tu dis "je me souviens" et que tu racontes...
Ma mère n'était pas "taiseuse" et j'ai toujours aimé l'écouter quand elle nous racontait son enfance et sa jeunesse.
Comme toi ma fifille est née au mois de février mais la veille de la St Valentin et fifi le 13 janvier, un dimanche toutes les deux :-)
Olivier a fait un amagalme avec abbatis et bruli ce qui donne abruti, C'est normal quand on fait des insomnies. On est légèrement abruti et brûli du cerveau le matin.
RépondreSupprimerJe reviens de chez Delphine. Purée que c'est ce qu'elle a écrit. cela l'aide sûrement a évacué tout ce qui lui pèse.
J'ai lu l'article sur les hmongs-malgré la migraine, j'y suis sujette en ce moment -et j'ai été surprise par plusieurs choses: leur costume, sur la photo, qui me semble un mélange de différents costumes de peuples "traditionnels", la coutume nuptiale, qui est celle des romains des premiers âges, je ne parle pas des lois concernant la répudiation...no comment .
RépondreSupprimerTout ce qui concerne les dates de naissance est également très exotique pour moi.
J'ai vu le film Gran Torino, mais je n'aurais pas retenu le nom de hmong sans le dernier entrefilet.
J'imagine ta surprise en découvrant le livre!J'ai cru voir de la pub s'afficher de façon intempestive quand j'ai ouvert le lien !(La migraine m'abrutit)
Il faut dire que ton texte sait bien ménager l'effet de surprise , car le fil que tu nous tends est assez sinueux pour brouiller les pistes quant au vrai sujet qui t'intéresse ! Tes parents étaient peut-être taiseux, mais tu sais raconter !
La photo -prétexte à ce voyage dans l'espace et dans ton passé _intéresserait aussi mon époux car elle révèle bien le mode de culture .
Quelle belle histoire et quelle surprise en suivant les liens !
RépondreSupprimerJ'ai ri en voyant le commentaire d'Olivier. Moi je suis née le même jour que ma grand mère paternelle. Ca peut être sympa quand on est petit, mais ça peut devenir pesant à partir d'un certain âge !
J'ai répondu sur mon blog concernant l'Eglise de Teloché.
RépondreSupprimerBonne journée !
C'est vrai que l'on a parfois des surprises quand on fait des recherches sur Internet, ou simplement quand on recherche son nom de famille dans le catalogue d'une bibliothèque...
RépondreSupprimerAu nord du Viet-Nam, les H'Mongs vivent encore à part, dans des villages isolés, dans des maisons sans eau courante avec un feu de bois au milieu de la pièce principale. C'est une aubaine pour les Tours Opérators... mais, le tourisme, c'est également une source de revenu indispensable pour ces populations.
je ne fais pas d'insomnie mais j'ai eu la même impression au départ qu'Olivier; je me suis dit chic, on va avoir des faits divers croustillants...mais non. Il n'en reste pas moins que ce message est encore extrêmement intéressant, merci Lucie.
RépondreSupprimerCette perspective bien cadrée nous fait découvrir les plans successifs du paysage et le morcellement des différents stades d'exploitation. La terre des chemins ressort d'autant plus rouge, au milieu des îlots de verdure. Une très belle photo !
RépondreSupprimerLa préparation d'un voyage et les recherches a posterori permettent d'assimiler ce qui, dans le vif du voyage, ne peut être saisi d'un coup (frustration qui provoque, bien souvent... l'envie de retourner...). Pour l'instant, tu es un super guide-reporter. Ta manière de nous confier les anecdotes personnelles est touchante.
Merci pour la doc : je me fourre sous la couette, avec mon picotin de lecture :)
Une photo où on décelle la simplicité, la luxuriance végétale. On y savoure les ondes des collines et les couleurs.
RépondreSupprimerEt puis on lit ton texte, on remonte dans le temps, on essaye d'imaginer vos diverses expériences à l'intérieur d'une même famille.
J'ai beaucoup appris sur les Hmongs lorsque nous habitions dans la banlieue de Sacramento (environ 25 000) en Ca. L'importance de leurs clans, de leur famille, de leurs gangs, de l'éducation des filles qui se termine habituellement très tôt à cause de leur mariage arrangé etc.
Un "post" bien beau et si profond.