mercredi 3 février 2010

Camp de la transportation (Saint-Laurent-du-Maroni) : un guide

Le 14.11.09 à 11H00

Nous allons entrer mais nous ne serons pas seuls.
Cette partie du camp de la transportation se visite en groupe sous la houlette d'un guide.
Je lui ai demandé, question idiote sans doute, si d'anciens bagnards étaient restés en Guyane et y avaient fondé une famille. Il m'a répondu avoir été lui-même en classe avec des descendants d'anciens bagnards...


Les nouveaux contingents de bagnards débarquaient tous à Saint-Laurent-du-Maroni et étaient répartis ensuite entre les différents camps de Guyane. Ceux que l’on soupçonnait d’être tentés de s’évader étaient envoyés aux îles du Salut. Très peu de condamnés restaient à Saint-Laurent. Certains pouvaient y travailler dans l’administration, comme domestiques, comme infirmiers et avoir des conditions de vie relativement agréables, être assez libres de leurs mouvement dans le camp ou même en sortir.

A l'arrivée, on enregistrait tout le monde en notant les savoir-faire de chacun. On les passait à la baignoire (photo 1) pour enlever les parasites, on prenait des mesures pour tenter d'établir s’il existait un profil morphologique de la criminalité.
Tout le monde n'était pas logé à la même enseigne :

  • A gauche de l’entrée, une première zone, le quartier des libérés avec deux cours symétriques séparées par un haut mur et bordées de cellules individuelles (photo 2 ; la religion était censée amender les âmes > la chapelle avec une porte "RELEGUES"). Les libérés devaient rester en Guyane le temps équivalent à celui de leur peine. Ils subissaient donc une double peine. Ils devaient financer leur billet de retour. Ils avaient du mal à trouver un travail rémunéré car les condamnés occupaient les emplois à bon compte. La nécessité de se loger et se nourrir qu’ils n’avaient pas lorsqu’ils accomplissaient leur peine, les poussait alors à la délinquance et à la récidive. C’était un terrible cercle vicieux.

  • A droite de l’entrée, une deuxième zone avec une salle de dortoir commun (le long du mur duquel passe ce jardinier : photo 4) où les hommes passaient leur journée dans la promiscuité, attachés à cette barre de force (photo 3). Il y avait des cellules individuelles dont celle-ci, qui a été rénovée, pour un prisonnier condamné à la peine de la double boucle.

  • Au-delà de la grille (photo 6) est une troisième zone...



[Camp de la transportation 2/3]

19 commentaires:

  1. Très beau reportage. On s'y croirait. De préférence comme toi et pas en tant que bagnard!

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  2. photo 5, un très beau respect au droit a l'image...peut être un ancien bagnard qui ne veut pas être reconnu ;))).
    Attention, tu vas bientôt battre Peter ;o)) (remarque j'ai rien a dire la dessus, surtout sur mon post du jour).
    J'aime bien la première, on sent l'énergie de l'homme, je sais pas ou il va, mais il y va le bougre.
    Voir ton post, me fait penser ma première visite a Ellis Island (sauf évidement que ce n'était pas des bagnards)

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  3. Tu es bon guide aussi, toi !
    C'est un endroit assez effrayant mais il faut bien se dire que ceux qui étaient transportés là, sans doute le méritaient-ils.
    C'était une autre époque par rappport à la vie dans les prisons du pays maintenant.
    Bon reportage comme dit Hélène.
    Merci pour la visite.

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  4. delphinium3/2/10 09:34

    Merci cergie pour ce post qui remet bien les idées en place. Pour avoir travaillé avec des prisonniers, je sais ce que c'est que la privation de peine par l'intermédiaire de ce qu'ils m'ont raconté. Les conditions d'aujourd'hui ne sont pas celles que tu nous présentes mais la sentiment d'être privé de liberté est toujours égal, difficile à vivre, avec le poids des souffrances et des délits commis. Je t'embrasse

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  5. Question? Depuis ton retour tu ne fais pas de cauchemars j'espère ? lol
    La maman qui fais visiter à son bébé , c'est pour le préparer à l'avenir comme dans "Retour vers le futur" où le tonton est déjà derrière les barreaux de son parc... MDR
    Bonne journée A + ;))

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  6. Hpy, dans mon prochain message on quitte le bagne ; la peine n'aura pas étré trop longue

    Olivier, l'homme en bleu (deux fois) est notre guide, il va nous ouvrir la porte et nous allons le suivre

    Claude, certains étaient cependant condamnés pour pas grand chose : l'un (photo vue dans un livre) à la perpétuité pour attentat à la pudeur.

    Delphinium, à l'instant je pensais au réglement à suivre et qui s'impose ; au pouvoir des uns sur les autres ou du moins au rapport de force qui s'établit.
    La procédure d'entrée n'est pas loin de celle des camps de concentration.

    Daniel, encore un message et nous sommes libérés.
    Il y a des témoignages du passé cruel à visiter partout dans le monde et hélas une histoire qui continue de s'écrire.

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  7. Bien sur, il faut comparer le « confort » ici avec le confort de la vie en général à l’époque, mais quand’ même ! ... et la double peine! Merci pour ce reportage très complet ! (J’ai bien lu « l’avertissement » d’Olivier !) :-)

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  8. Bonjour, Cergie.
    Que dire?
    Je rste dans l'émotion...
    Mais il faut montrer la réalitè des mondes.
    J'assume. Mais avec du mal.
    Merci beaucoup.
    Je t'embrasse.

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  9. Une premier photo emblématique et toutes les autres qui racontent l'histoire de murs et choses qu'ancre ils flairent des atrocités de ce peuple oubliées, qu'il a probablement payé au cher prix son chacun erreur.
    Un reportage qu'il unit connaissance et participation, comme tu sais faire si bien!

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  10. Cette troisième zone...est-ce le dernier cercle de l'Enfer ?
    "La baignoire " m'a fait d'abord penser à la sinistre torture instaurée par la Gestapo, évoquée par Malraux dans son célèbre discours.

    As-tu reçu mon mail via orange ? (Merci pour ton courrier)

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  11. odile b.3/2/10 16:30

    Cergie, tu enregistres tout, partout, de ce que tu vois et entends et tu sais bien le restituer. Dans une seconde vie, tu seras guide, et j'exigerai que ce soit toi qui me fasses visiter les lieux.
    On apprend à la mesure de la curiosité qui nous anime et c'est la plus grande qualité qui soit.
    Voilà, c'est dit. Merci pour tout ça !

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  12. j'ai beaucoup aimé tondernier message et celui-ci aussi, tu nous fais visiterdans le détail et c'est bien, mais je ne crois pas, contrairement à Claude, que tous les gens condamnés au bagne aient mérité un tel traitement....que l'on soit puissant ou misérable...;

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  13. Très intéressant, un 'monde' qu'on ne connait pas ici, mais qu'on promène avec toi.

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  14. Il faut un certain courage pour oser montrer ces lieux aux touristes car ce n'est pas si vieux que l'on pourrait le croire

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  15. Enfin il ne faut pas oublier qu'il n'y avait pas que des enfants de chœur parmi les bagnards et que certaine sprisons de notre bonne France si répressive ne sont pas si loin du bagne.
    "La Commission Européenne de Prévention de la Torture (CPT) note que la prise en charge médicale des détenus particulièrement surveillés, des détenus souffrant de maladie mentale et le traitement des cas de douleur aigüe font que "le traitement médical se trouve perverti et devient dégradant". Les DPS sont notamment constamment menottés au lit d'hôpital et ne peuvent consulter un médecin sans présence policière. le CPT observe également que lors de ses visites en 2006 "Les patients présentant des états de souffrance aiguë étaient placés dans l'une des cellules d'isolement, traités sous contrainte si nécessaire, et obligés de rester nus en cellule, soumis à un contrôle visuel régulier du personnel pénitentiaire. "

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  16. Claude, il faudrait peut-être être curieux de la vie autour de toi plutôt que de pleurer sur le passé.

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  17. Bonsoir Lucie! À la fin du reportage je n'aurais pas besoin d'aller en Guyane...

    Blogtrotter 2 est à bord du «Liberty of the Seas». J’espère que ça te plaira! Bon week-end!!

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  18. C'était hier à Saint-Laurent-du-Maroni... c'était hier à Alcatraz où certaines visites se font avec d'anciens détenus. L'émotion y est forte et il est bien d'entendre, de fermer les yeux et d'imaginer la réalité de ce temps qui existe aujourd'hui encore ailleurs et ailleurs...

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  19. à notre arivée en Guyan e 1983 on pouvai encore rencontrer plusieurs bagnards, dont un que j'aimais bien qui venait toujours sur les rochers de la plage à Kourou nous raconter ses souvenirs;..et il regardait des heures en face, les îles du salut

    il y avait encore des tombes de bagnard de ci de là, enterrés juste une crois, là ou ils avaient été abattus parfois, lorsqu'ils s'évadaient
    A cayenne, de nombreux commerçants qui ont réussi sont fils de bagnards, donc oui bcp restaient et s'installaient en guyane...

    super ton reportage sur le camp et le rituel de la guillotine !

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