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jeudi 18 mars 2010

Camp Artur (Saint-Jean-du-Maroni) : le rail et la brique

Le 16.11.09 à 10H55

  Il n'y a plus de voie ferrée en Guyane de nos jours. Au temps du bagne et de ses différents camps, il y existait toutefois un chemin de fer à voie étroite Decauville servant à déplacer le matériel et les hommes. Le train était tiré au début par une locomotive à vapeur puis les wagonnets (les "pousses") furent propulsés à la force du poignet au moyen d’un bâton. Les bagnards entretenaient les voies et déplaçaient les rails aisément.
Au camp de la Transportation de Saint-Laurent-du-Maroni subsiste un wagonnet (voir montage ci-dessous) et devant cet ancien entrepôt du bagne à St-Jean-du-Maroni, il y en a deux, un élément de locomotive et trois briques (voir montage).
  Les bagnards fabriquaient les briques marquées AP (Administration Pénitentiaire).

Le 16.11.09 à 11H20

  La sentinelle dans la guérite nous a aimablement suggéré de laisser une pièce d'identité à l'accueil et d'entrer...

  "Les relégués : surnommés "Pieds de biche" en raison de l’instrument utilisé communément pour commettre leurs délits ce sont des malfrats qui sont interdits de retour en métropole où ils ont déjà purgé la totalité de leur peine de prison. La relégation était une peine supplémentaire destinée à écarter de métropole les vagabonds et voyous récidivistes.
Envoyés vers St Jean, ils bénéficiaient d’un régime particulier qui les autorisait à effectuer toutes sortes d’activités pour eux-mêmes une fois leurs tâches pour la pénitentiaire effectuées. Ils pouvaient parfois aller en semi-liberté et obtenir des concessions à exploiter.
Le dernier convoi de bagnards y a débarqué en 1938 et les derniers bagnards et surveillants sont rentrés en métropole en 1953.
A la fin du bagne, pour assurer la sauvegarde et la reconversion des immeubles laissés par l’administration pénitentiaire, l’Etat reconvertit le camp en base d’accueil d’immigrants.
Une entreprise qui sera un échec puisque créé en 1950, ce centre d’accueil fermera définitivement en 1960 devant le peu de résultats et l’absence de nouveaux immigrants.
Le quartier Némo accueille le service militaire adapté de Guyane, le camp ARTUR le Détachement Maroni du 9e Régiment d’infanterie de Marine, l’ensemble constitue le camp de Saint-Jean du Maroni."

          [Source : Ministère de la Défense]




vendredi 5 février 2010

Camp de la transportation (Saint-Laurent-du-Maroni) : la sortie

Le 14.11.09 à 12H15

Ces personnes vont passer le portail en sens inverse et quitter le camp de la transportation. Le bâtiment à leur droite (entrée gauche) a été rénové et aménagé en bibliothèque municipale. Celui à leur gauche menace ruine. Défense d'y pénétrer...


Pour accéder aux cases de la photo 4, on va tout droit en entrant dans le camp. Certaines d'entre elles ont été reconverties en locaux associatifs. C’est dans l'une de celles restées en l'état que j’ai trouvé le "corps blanc" de Jérôme Mesnager.
La photo 1 montre le quartier des libérés qui donne sur la chapelle que l’on aperçoit également à droite de la photo du portail.
Avec les photos 1 et 2, on peut imaginer les hommes lors de leurs moments libres, lavant leur effets ou nettoyant les cours de tout élément végétal > éviter les insectes et les maladies. Les manguiers ont poussés depuis la fermeture du bagne.
Dans la troisième zone dont j'ai parlé au message précédent, il y a douze cellules pour les condamnés à mort en attente de la confirmation de leur condamnation venant de la métropole. Le lendemain de l'arrivée du bateau, l'éxécution se déroulait suivant un rituel immuable. Dans le greffe (photo 3) était servi un dernier repas au condamné qui devait ensuite signer le registre de levée d’écrou avant d’être exécuté...

[Camp de la transportation 3/3]

mercredi 3 février 2010

Camp de la transportation (Saint-Laurent-du-Maroni) : un guide

Le 14.11.09 à 11H00

Nous allons entrer mais nous ne serons pas seuls.
Cette partie du camp de la transportation se visite en groupe sous la houlette d'un guide.
Je lui ai demandé, question idiote sans doute, si d'anciens bagnards étaient restés en Guyane et y avaient fondé une famille. Il m'a répondu avoir été lui-même en classe avec des descendants d'anciens bagnards...


Les nouveaux contingents de bagnards débarquaient tous à Saint-Laurent-du-Maroni et étaient répartis ensuite entre les différents camps de Guyane. Ceux que l’on soupçonnait d’être tentés de s’évader étaient envoyés aux îles du Salut. Très peu de condamnés restaient à Saint-Laurent. Certains pouvaient y travailler dans l’administration, comme domestiques, comme infirmiers et avoir des conditions de vie relativement agréables, être assez libres de leurs mouvement dans le camp ou même en sortir.

A l'arrivée, on enregistrait tout le monde en notant les savoir-faire de chacun. On les passait à la baignoire (photo 1) pour enlever les parasites, on prenait des mesures pour tenter d'établir s’il existait un profil morphologique de la criminalité.
Tout le monde n'était pas logé à la même enseigne :

  • A gauche de l’entrée, une première zone, le quartier des libérés avec deux cours symétriques séparées par un haut mur et bordées de cellules individuelles (photo 2 ; la religion était censée amender les âmes > la chapelle avec une porte "RELEGUES"). Les libérés devaient rester en Guyane le temps équivalent à celui de leur peine. Ils subissaient donc une double peine. Ils devaient financer leur billet de retour. Ils avaient du mal à trouver un travail rémunéré car les condamnés occupaient les emplois à bon compte. La nécessité de se loger et se nourrir qu’ils n’avaient pas lorsqu’ils accomplissaient leur peine, les poussait alors à la délinquance et à la récidive. C’était un terrible cercle vicieux.

  • A droite de l’entrée, une deuxième zone avec une salle de dortoir commun (le long du mur duquel passe ce jardinier : photo 4) où les hommes passaient leur journée dans la promiscuité, attachés à cette barre de force (photo 3). Il y avait des cellules individuelles dont celle-ci, qui a été rénovée, pour un prisonnier condamné à la peine de la double boucle.

  • Au-delà de la grille (photo 6) est une troisième zone...



[Camp de la transportation 2/3]

lundi 1 février 2010

Saint-Laurent-du-Maroni : "l'echappee belle" de Jerome Mesnager

Le 16.11.09 à 8H35
Rive gauche du fleuve Maroni (en face) : le Surinam
Palmier bâche
Historique de Saint-Laurent-du-Maroni, sous-préfecture de la Guyane
Statue de Bertrand Piéchaud : la peine du bagnard.




Découvrir "Papillon" griffé dans le sol d’une cellule du camp de la transportation ne m'a pas surprise.
Par contre, rencontrer les "libres corps blancs" de Jérôme Mesnager [miens "pays" de Belleville ou Montmartre ; l'un tentant d'échapper au fleuve qui peu à peu le ronge, l'autre blotti dans un recoin du camp vers lequel je m’étais égarée seule], m’a stupéfiée...

Le 14.11.09 à 12H30

[Camp de la transportation 1/3]

mardi 8 décembre 2009

Ile Royale (Guyane) : et maintenant *** and now

Le 11.11.09 à 11H05

Le CNES (Centre national d'études spatiales) est propriétaire depuis 1971 des îles du Salut (sauf certaines enclaves comme le phare et ses dépendances appartenant à l'Etat). C’est lui qui effectue l’entretien et la rénovation des lieux, la sauvegarde difficile du patrimoine. Il ne peut faire obstacle à leur aménagement touristique.
Sur l'île Royale, un hôtel a été construit qui propose un hébergement en chambres ou dans les logements du personnel (photo). Un Musée du bagne s’est créé dans la maison du directeur.

Et pourquoi le CNES ? Parce que les îles sont à 14km de la base spatiale de Kourou, de plus en un endroit stratégique sous la trajectoire des fusées.
Justement, demain 9 décembre partira un lanceur Ariane 5 qui mettra en orbite un satellite militaire pour le compte du Ministère de la Défense Français. L’île est évacuée. Un outil de surveillance est depuis 1995 sur l'Ile Royale. C’est un ciné télescope K400 (photo).

Ah ! Elle est bien loin l’époque du sémaphore à disques optiques !

Le 11.11.09 à 11H10

Mais qui s'en plaindra ?


dimanche 6 décembre 2009

Ile Royale (Guyane) : la case du semaphore *** the Signal Station Cabin

Le 11.11.09 vers 11H30

Presque quatre semaines que j’ai laissé derrière moi les îles du Salut (Devil’s Islands encore aujourd’hui en anglais). J'ai besoin de ce message puis d'un autre pour parler succinctement de l’île Royale, la mieux entretenue des trois, la plus grande (28ha), la plus haute au dessus de l'océan (66m).

Lorsque j’ai dégringolé cet escalier de pierre construit par les forçats, j'ai tourné les yeux vers le point culminant de l’île. Se retournant sur un chemin parcouru, le regard est différent, toujours. Il est éclairé de ce qu'il a déjà vu, qu'il cherche alors et qui s'inscrit dans le paysage.
Si je n’aime guère anticiper, j’aime avancer ainsi à reculons.
Lors, mes yeux étaient sur ce toit et cette avancée de tôle...


La case du sémaphore...
La fonction de guetteur était assumée par un bagnard équipé d’une longue vue. Guillaume Seznec (il est resté en Guyane 20 ans dont 19 aux îles du Salut) y a habité et en a assuré le fonctionnement.
Le sémaphore à disques a disparu. J’ai vu sur une photo d’époque qu'il flanquait la case sur cet épais mur en épi. Il était relié par des signaux lumineux à la tour qui se dresse à la pointe des Roches à Kourou et porte actuellement le nom de Tour Dreyfus.

L’île Royale est bien entretenue je vous expliquerai et illustrerai pourquoi. Ainsi en est-il de cette case, avec son toit de tôle et sa charpente, ses menuiseries de bois.
En Guyane les toitures sont très majoritairement en tôle ou en palme et ont une très faible durée de vie, la faute à l'humidité. Les charpentes sont très vite réduites à néant par les redoutables termites.

Les murs des cases de l’île St Joseph tiennent encore assez vaillamment debout, mais voilà pourquoi il n’y a plus de toit.
[Quoique... Sur les geôles, des toits il n’y en avait pas : juste des grilles pour autoriser la surveillance des rondes de surveillants]

vendredi 4 décembre 2009

Ile St Joseph (Guyane) : la pluie et le vent *** rain and wind

LE 11.11.09 à 14H40

Les palmes bruissèrent. La pluie, lourde, drue, se mit à tomber. Je glissai l’appareil de photo dans une pochette en plastique. Le temps de rejoindre la plage, j’étais trempée comme une soupe. J'abritai le sac à dos sous un tronc de cocotier.
Je m’assis dans les vagues. La mer était chaude, plus chaude que la pluie et le vent.

L'horizon s'est dégagé. Nous avons quitté l’île. Le bateau monta en puissance et l'alizé m’enveloppa de son souffle tiède...


mercredi 2 décembre 2009

Ile St Joseph (Guyane) : la reclusion *** imprisonment

Le 11.11.09 à 14H30
[A gauche, un wacapou (Vouacapoua americana), il me semble...]


Albert Londres, journaliste et écrivain français (1884-1932), s’est rendu en Guyane en 1923. Les conditions réelles du bagne sont alors ignorées de tous. Et même des autorités. Et même des condamnés eux même qui souvent étaient volontaires au départ.
Personne ne savait...
Le "doublage" était une terrible clause édictée par la loi de 1854 sur la transportation. Il obligeait les bagnards à rester un temps équivalent à celui de leur peine, pour les inciter à peupler la Guyane. Il fallait alors subsister. Il était difficile de trouver du travail rétribué, et la tentation était forte de tomber dans la délinquance. Le voyage de retour de plus était à leurs frais. Ce temps après la libération était plus dur que celui de la condamnation qui, de fait, était alors à perpétuité.
Les condamnés pour une faute dérisoire (attentat à la pudeur, vol de nourriture) côtoyaient les criminels endurcis.
Suite aux dénonciations d’Albert Londres, la France fut mise au ban des Nations. Le dernier convoi de bagnards partit et arriva en 1938. Le dernier bagnard quitta le pénitencier de Saint Laurent du Maroni en 1953.

Sur l’île St Joseph, il y avait un asile de fou. On était déjà fou ou on le devenait à ne pas avoir de perspective d’avenir.
Il y avait de terribles geôles pour les "récalcitrants" où dans le noir on était à l’isolement.

Les arbres que plus personne n'enlève ont pris possession de l’île St Joseph malgré la faible couche de terre. Il semblerait que, comme les épiphytes, ils se nourrissent de la chaleur, de l'humidité, de l'air.
Et aussi du souvenir de la peine des hommes ?



lundi 30 novembre 2009

Ile St Joseph (Guyane) : le Cimetiere Du Personnel Du Bagne

Ile St Joseph, le 11.11.09 à 12H35

La Guyane est juste au dessus de l’Equateur. En une journée, 24 heures de rotation de la Terre, elle parcourt une plus longue distance que la Finlande ou la Suède par exemple (cela est l'un des intérêts majeurs de l’implantation à Kourou de la base spatiale dont je devrais parler un peu plus tard).
Alors peut-être y vieillit-on plus vite ? Les choses y évoluent-elles plus vite ?

Toujours est-il que bien que Cayenne se trouve à la même latitude qu’Abidjan où j’ai passé une partie de mon enfance (de 3 à 14 ans), bien que l’Amérique du Sud soit la sœur siamoise de l’Afrique dont elle s’est éloignée à la faveur de la dérive des continents, je leur ai trouvé bien des différences. Sans doute, depuis tout ce temps ai-je changé de regard. L’adulte et l’enfant ne remarquent pas les mêmes choses.
Tout de même...

J’ai été étonnée de ne pas être assaillie d’insectes les soirs à la veillée. Les moustiques ne se sont rués sur nous qu’à l’embouchure du fleuve Maroni, à l’extrême Nord-Est, au-delà de la commune d’Awala-Yalimapo peuplée d’Amérindiens. Nous avons dormi dans un carbet flottant sans moustiquaire dans le marais de Kaw.
Et, laissant le bateau à la dérive, nous nous sommes baignés au large de l’île du Diable dans l’anse de Bora-Bora sans craindre les "dents de la mer"...

Ile St Joseph, le 11.11.09 à 13H10

Autrefois, les îles du Salut étaient nommées "îles du Diable", à cause des courants meurtriers. Leur nouveau nom leur vient de leur climat, plus sain que sur la côte, qui a sauvé certains rescapés de la désastreuse expédition de Kourou (1763-1765. Celle-ci avait comme ambition de peupler la Guyane. 7000 sur 12 000 ont péri).
Quant à la Guyane, elle a pris alors le surnom d’"enfer vert" dont, encore aujourd’hui, elle a du mal à se défaire.

A l'époque du bagne il n’y avait pas tous ces cocotiers qui auraient pu servir à construire des radeaux...
La couche de terre à la surface de l’île est peu épaisse. Aussi, est-il difficile de creuser des tombes. Les corps des bagnards décédés étaient donc jetés à la mer dans des cercueils légers percés de trous et souvent rejetés par les flots.
Le Cimetière Du Personnel Du Bagne est bien entretenu, peut-être par la Légion Etrangère qui a un poste sur l’île St Joseph.


vendredi 27 novembre 2009

Iles du Salut (Guyane) : une carte postale *** a postcard

L'île du Diable vue depuis la toute petite plage de coquillages de l'île St Joseph, le 11.11.09 à 13H35

"Sometimes called "Green hell", French Guiana shelters a treasure, a piece of paradise."


De la Pointe de la Roche à Kourou, les Iles du Salut se profilent à l’horizon.

Le 11 novembre, jour férié comme partout en France, nos cousins nous y ont menés sur leur Sea Ray 200, bateau à moteur de 6m15 de long.
Ces îles d’origine volcanique sont aujourd’hui un lieu paradisiaque. Elles furent un enfer pour des milliers de bagnards.
De nos jours, plus de ces requins qui se repaissaient des corps jetés à la mer. Et heureusement, car pour aborder l’île Saint Joseph, à moins de disposer d’un zodiaque, il n’est d’autre possibilité que de le faire à la nage.
Saint Joseph offre la seule vraie plage du site. Celle-ci est située juste en dessous du cimetière marin des surveillants. Elle fait face à l’île du Diable qui ne se visite pas et où fut retenu le capitaine Dreyfus. Elle est ombragée de cocotiers auxquels il est possible de suspendre des hamacs pour y passer une nuit paisible bercée par le bruit des vagues... Si on sait occulter la sinistre mémoire de ces lieux...


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